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forum abclf » Réflexions linguistiques » mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

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Messages [ 17 ]

1 Dernière modification par papy (10-07-2006 18:47:22)

Sujet : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Bonsoir à vous tous,

Un peu triste aujourd'hui, vous savez sans doute la cause. Tristesse passée, questionnaire fait.

1, Une question de la "chance":

a. Quelle formulation diriez-vous:
- Tu as de la chance qu'on me retienne.
- Tu as la chance qu'on me retienne.

Je penche pour la première, vue écrite dans une BD. Mais la 2e, avec l'article défini, s'avère non moins juste à mon sens, cette chance-là étant déterminée par le fait que "quelqu'un retient l'auteur".

b. "C'est une chance que" se construit avec le subjonctif, alors que "il y a des chances que" est suivi du conditionnel ou de l'indicatif. Quelqu'un se demande pourquoi ? Différence sémantique, non ?

2, Une question de la "capacité"

a. Lorsque "capacité" est suivi d'un verbe à l'infinitif, on fait souvent précéder ce verbe de la préposition "de". Mais c’est la préposition "à" qui apparaît plus naturellement dans certains contextes.
Une telle explication me mène à quelque chose de plus embarassant. Pourriez-vous me dire un peu plus précisément dans quels contextes "à" est employé, et dans lesquels "de" est de préférence ?

b. Quelle différence faites-vous entre "capacité" et "aptitude", sémantiquement parlant ?

3, Après "faire attention" suivi d'un verbe à l'infinitif, quelle préposition me proposeriez-vous, "à" ou "de" ? Il y a toute apparence que toutes les 2 sont d'usage, donc comment distinguer ?

Exemples tirés des films sous-titrés:
- Faites attention de ne pas vous y glisser.
- Il faut que tu fasses attention à ne rien toucher sur la table.

Une fois de plus, recevez toutes mes reconnaissances du fond du coeur, s'il vous plaît.

Papy.

2 Dernière modification par Andreas (10-07-2006 21:18:34)

Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Bonsoir papy ! smile

papy a écrit:

Une question de la "chance":

a. Quelle formulation diriez-vous:
- Tu as de la chance qu'on me retienne.
- Tu as la chance qu'on me retienne.

Mon Petit Robert ne mentionne qu'un exemple avec la seconde vérsion :
Nous avons eu la chance de le rencontrer.
Mais j'estime que la première proposition est aussi répandu et se dit.

b. "C'est une chance que" se construit avec le subjonctif, alors que "il y a des chances que" est suivi du conditionnel ou de l'indicatif. Quelqu'un se demande pourquoi ? Différence sémantique, non ?

tongue C'est exactement l'inverse qui est bon. Il y a des chances (pour) que... exprime une probabilité, d'où l'emploi du subjonctif. C'est une chance que... exprime un fait réel et c'est pourquoi on y met l'indicatif.
C'est une chance qu'il a l'air bon, papa.
Il y a des chances que cela se produise.

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

papy a écrit:

Une question de la "capacité"

a. Une telle explication me mène à quelque chose de plus embarassant. Pourriez-vous me dire un peu plus précisément dans quels contextes "à" est employé, et dans lesquels "de" est de préférence ?

Avec les exemples donnés, je dirais qu'on mettrait de plutôt quand l'on parle d'une capacité générale ou une capacité mentale (mémorisation par ex.), et à plutôt quand il s'agit d'une capacité « pratique », la capacité de mettre en œuvre qqch., de faire un plan, d'agir...

b. Quelle différence faites-vous entre "capacité" et "aptitude", sémantiquement parlant ?

Bon, que me dit-il, mon Petit Robert ? :
aptitude s'emploie
a. pour une disposition naturelle, un don qu'on aurait quasiment hérité avec sa naissance.
b. une qualification professionnelle, une capacité apprise nécessaire pour exercer un certain métier.

Je dirais que le mot capacité cache un sens d'effort. Quand on a une capacité, on s'efforce souvent : la capacité d'apprendre une nouvelle langue, la capacité productrice d'une entreprise.
aptitude, en revanche, se range plutôt dans le coin d'un état naturel qui est simplement là, qui ne change pas et qui constitue une disposition.

A part ça, le sens de « propriété de contenir une quantité » n'existe pas chez aptitude. On ne peut pas dire Ce tonneau a une aptitude de 500 litres...:)

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Et... pour terminer, une question d'attention : smile

papy a écrit:

3, Après "faire attention" suivi d'un verbe à l'infinitif, quelle préposition me proposeriez-vous, "à" ou "de" ? Il y a toute apparence que toutes les 2 sont d'usage, donc comment distinguer ?

Exemples tirés des films sous-titrés:
- Faites attention de ne pas vous y glisser.
- Il faut que tu fasses attention à ne rien toucher sur la table.

Mon Petit Robert n'y donnant pas de réponse satisfaisante, seul le TLFi semble pouvoir aider ici :
Selon lui, la préposition à est la norme avant l'infinitif et la préposition de appartient à la langue relâchée, familière.

Voilà.

P.S. : http://www.world-of-smilies.com/html/images/smilies/flaggen/fahne93.gif ... désolé papy... wink

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Merci d'avoir eu l'amabilité de répondre à toutes mes 3 questions, Andreas et désolé d'être en retard pour te remercier.
1.

Andreas a écrit:

Mon Petit Robert ne mentionne qu'un exemple avec la seconde vérsion :
Nous avons eu la chance de le rencontrer.
Mais j'estime que la première proposition (avoir de la chance que) est aussi répandu et se dit.

J'estime, moi aussi. Mais dans quelles circonstances employer l'un pour l'autre, je me demande.

Andreas a écrit:

C'est exactement l'inverse qui est bon. Il y a des chances (pour) que... exprime une probabilité, d'où l'emploi du subjonctif. C'est une chance que... exprime un fait réel et c'est pourquoi on y met l'indicatif.

Pourquoi cette théorie, divergente de celle-ci que j'ai citée ?

2.

Andreas a écrit:

Avec les exemples donnés, je dirais qu'on mettrait de plutôt quand l'on parle d'une capacité générale ou une capacité mentale (mémorisation par ex.), et à plutôt quand il s'agit d'une capacité « pratique », la capacité de mettre en œuvre qqch., de faire un plan, d'agir...

Oui, attendu les exemples mentionnés, je suis de ton avis moi aussi. Néanmois, de ceux-ci, que pensez vous ?:
- capacité à démontrer sa compréhension / capacité à démontrer ses habiletés ...
- capacité de cerner, analyser et résoudre les problèmes / capacité d'utiliser les ressources en information d'Internet / capacité d'apprendre / capacité d'utiliser le courriel ...

3. Satisfait de la réponse, non du lien. wink

6 Dernière modification par Andreas (11-07-2006 20:03:19)

Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

papy a écrit:
Andreas a écrit:

C'est exactement l'inverse qui est bon. Il y a des chances (pour) que... exprime une probabilité, d'où l'emploi du subjonctif. C'est une chance que... exprime un fait réel et c'est pourquoi on y met l'indicatif.

Pourquoi cette théorie, divergente de celle-ci que j'ai citée ?

Mes sources pour cette théorie étaient le Petit Robert et le TLFi qui ont écrit :

il y a des chances (pour) que cela se produise (le Petit Robert, article "chance")
c) C'est une chance que. Une chance qu'il a l'air bon papa (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 220). (TLFi, article "chance")

L'office québécois de la langue français a en effet un avis différent... hmm (!?)
Au secours, les experts ! big_smile

papy a écrit:

Oui, attendu les exemples mentionnés, je suis de ton avis moi aussi. Néanmois, de ceux-ci, que pensez vous ?:
- capacité à démontrer sa compréhension / capacité à démontrer ses habiletés ...
- capacité de cerner, analyser et résoudre les problèmes / capacité d'utiliser les ressources en information d'Internet / capacité d'apprendre / capacité d'utiliser le courriel ...

Peut-être capacité est un terme plus général... c'est difficile.

papy a écrit:

3. Satisfait de la réponse, non du lien. wink

Ouh là là, j'en suis désolé papy. C'était le lien vers l'article "attention" du TLFi, section II B 3 et 5 : big_smile

Le TLFi a écrit:

3. Faire attention à + inf. :

21. Et en une attitude qui sans doute lui était habituelle, qu'elle savait convenable à ces moments-là et qu'elle faisait attention à ne pas oublier de prendre, elle semblait avoir besoin de toute sa force pour retenir son visage, comme si une force invisible l'eût attiré vers Swann.
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 233.

4. Faire attention à ce que + ind. (Tournure explicative). Attesté dès Ac. 1835 :

22. Fais attention à ce que je te dis là, et élève-toi au-dessus de cette tourbe qui crie à la fin du monde, dès qu'on lui prise un nom, une forme, une idée. Ce n'est pas là de la philosophie! Elle est ailleurs. Dieu seul est Dieu! Adieu. Donne de mes nouvelles par un mot à mon père, à Mâcon et à Montherot.
LAMARTINE, Correspondance, 1832, p. 321.

5. Faire attention de. [Dans la lang. relâchée] ,,Faites attention de ne pas toucher`` (QUILLET 1965).
Rem. Attesté ds QUILLET 1965 avec la mention incorrect, et ds DUB. comme synon. de faites attention à + inf. sans mention particulière.

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

7 Dernière modification par papy (11-07-2006 20:32:36)

Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Andreas a écrit:

Mes sources pour cette théorie étaient le Petit Robert et le TLFi qui ont écrit :

il y a des chances (pour) que cela se produise (le Petit Robert, article "chance")
c) C'est une chance que. Une chance qu'il a l'air bon papa (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 220). (TLFi, article "chance")

Qui a raison donc ?

Andreas a écrit:

Peut-être capacité est un terme plus général... c'est difficile.

Ne mettons pas pavillon bas. Attendons les experts.

P.S: les natifs laissent ces 2 étrangers "se questionner" et se réponder. wink (rectifié)

Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

papy a écrit:

les natifs laissent ces 2 étrangers "se questionnent" et se répondent. wink

un solécisme ?

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Merci bien Andreas, la sinusite me tenaille en ce moment, d'où les fautes si bêtes.

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Bon retablissement, cher Papy !!

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Aucun expert se manifeste donc pour la première question... les modérateurs semblent tous être partis en vacances... cool hmm

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Pas d'expert en vue mais, allez,  un amateur de bonne volonté.

papy a écrit:

1, Une question de la "chance":
a. Quelle formulation diriez-vous:
- Tu as de la chance qu'on me retienne.
- Tu as la chance qu'on me retienne.

Je penche pour la première, vue écrite dans une BD. Mais la 2e, avec l'article défini, s'avère non moins juste à mon sens, cette chance-là étant déterminée par le fait que "quelqu'un retient l'auteur".
b. "C'est une chance que" se construit avec le subjonctif, alors que "il y a des chances que" est suivi du conditionnel ou de l'indicatif. Quelqu'un se demande pourquoi ? Différence sémantique, non ?

Je dirais : «tu as de la chance que...» et «tu as la chance de...» ; un titre de film français, auquel il a été fait allusion ailleurs : «tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes» (ce qui signifie ici, d'avoir eu des parents populaires, engagés dans les luttes de l'époque, plutôt sympas, etc.)

2, Une question de la "capacité"
a. Lorsque "capacité" est suivi d'un verbe à l'infinitif, on fait souvent précéder ce verbe de la préposition "de". Mais c’est la préposition "à" qui apparaît plus naturellement dans certains contextes.
Une telle explication me mène à quelque chose de plus embarassant. Pourriez-vous me dire un peu plus précisément dans quels contextes "à" est employé, et dans lesquels "de" est de préférence ?

Non, ça je ne peux pas wink Je ne sais pas s'il y a des règles qui peuvent s'appliquer partout ni surtout, si les usages sont si précis : capacité de existe, capacité à existe aussi.

b. Quelle différence faites-vous entre "capacité" et "aptitude", sémantiquement parlant ?

Pas si simple et je risque de m'embrouiller.
L'aptitude, c'est le fait d'être apte à qqchose, d'être reconnu capable. «Tu es en bonne santé, tu es apte au service militaire». Capable, ici, n'irait pas. Apte s'oppose à inapte, aptitude à inaptitude, ne pas remplir les conditions d'une sélection par exemple.
La capacité, hum. C'est ce que peut contenir un contenant : une bouteille d'une capacité de 1 litre. S'appliquant à un individu, on devine un peu : la capacité, c'est ce que peut faire quelqu'un (la bouteille de 1 litre ne peut pas contenir plus de 1 litre, l'individu qui a la capacité de faire telle chose ne peut pas faire mieux) ; j'y vois une idée de limite.

Cet exemple montre les deux usages : «cet athlète est apte à concourir, (il à l'âge requis, il a signé les papiers qu'il faut, etc.), mais il n'a pas la capacité de gagner (il ne s'est pas assez entraîné)»...

3, Après "faire attention" suivi d'un verbe à l'infinitif, quelle préposition me proposeriez-vous, "à" ou "de" ? Il y a toute apparence que toutes les 2 sont d'usage, donc comment distinguer ?
Exemples tirés des films sous-titrés:
- Faites attention de ne pas vous y glisser.
- Il faut que tu fasses attention à ne rien toucher sur la table.

Là, je ne sais pas : les deux me semblent acceptables, mais «faire attention à» est le plus courant : «fais attention à ne pas te faire piquer par les abeilles». On utilise «faire attention de» plutôt devant un verbe, mais ce n'est pas obligatoire et «à» est bon, toujours, le crois.

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Andreas a écrit:
papy a écrit:

Pourquoi cette théorie, divergente de celle-ci que j'ai citée ?

Mes sources pour cette théorie étaient le Petit Robert et le TLFi qui ont écrit :

il y a des chances (pour) que cela se produise (le Petit Robert, article "chance")
c) C'est une chance que. Une chance qu'il a l'air bon papa (COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 220). (TLFi, article "chance")

L'office québécois de la langue français a en effet un avis différent... hmm (!?)
Au secours, les experts !

Je le répète puisque piotr est revenu...:D ... au secours les experts !
C'est une chance que... et Il y a des chances que... se contruisent-ils avec subjonctif ou indicitatif ?

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Andreas a écrit:

Je le répète puisque piotr est revenu... ... au secours les experts !
C'est une chance que... et Il y a des chances que... se contruisent-ils avec subjonctif ou indicitatif  ?

Si tu t'y mets toi aussi : je croyais que seul Papy se plaisait à nous bombarder du titre d'expertwink

  Il y a plusieurs questions :

  1)     La question de Papy : Tu as la chance de ...  Tu as de la chance que ...

   Ici, peu ou pas de mystère, en principe :
  => article indéfini partitif (tu as de la chance), le sens sera : Tu as un coup de chance et un évènement se produit.
  => article défini (tu as la chance) : Tu as cette chance précise, connue, qui survient sous la forme de cet évènement.

  Je conviens que la nuance est mince (une fois de plus), mais quelques exemples nous éclaireront :
    Tu as de la chance (en général), profites-en.
    Tu as (ici et maintenant) la chance de ta vie, saisis-la !

  Cela dit, même dans le cas d'une chance précise, on utilise couramment  avoir de la chance ... Ex. : Tu as de la chance qu'il soit là pour t'aider (la chance en question est clairement définie).
A contrario, on utilisera aussi avoir la chance dans un contexte indéfini, sous la forme : Il a la chance avec lui, il a la barakka (= il a toujours de la chance).

  Conclusion : la nuance est tellement fine, ou imprécise, ou tenant aux habitudes du locuteur, que vous pouvez utiliser les deux !
  La différence se fera davantage sur la construction grammaticale : avoir la chance de + infinitif, avoir la chance de + comp. de nom, avoir de la chance que + subjonctif.


  2 )     Il y a des chances que ... / C'est une chance que ...

   Pour Il y a des chances que ... pas d'hésitation : c'est un potentiel  => subjonctif : Il y a des chances qu'il vienne, que je réussisse ... Sur ce point, je ne comprends pas l'affirmation de l'Office québequois. [N.B. Grevisse cite toutefois un exemple construit avec l'indicatif, ressortissant à la possibilité, mais cela sonne très bizarre et reste peu usité (1071, a).]

  Concernant C'est une chance que ... Tu as la chance que ... Tu as de la chance que ..., on est dans la réalité, dans l'affirmation, l'indicatif est donc la règle ou devrait l'être.
  Et pourtant ! On n'entend que Tu as la chance qu'il te prenne avec lui, Tu as de la chance qu'il soit là, C'est une chance qu'il vienne chez nous ... (je suis bien entendu le premier à utiliser le subjonctif).
  Pourquoi ? je n'en sais rien. Il me semble qu'on pourrait trouver les mêmes constructions avec l'indicatif mais, plus rares, elles semblent relever d'un langage plus travaillé : je n'en ai pas d'attestation à part la citation de Colette trouvée par Papy.
  Mais je ne serais pas choqué, d'un point de vue grammatical, de lire Tu as de la chance qu'il te prend avec lui, C'est une chance qu'il est là => je suis seulement choqué au niveau de mon oreille car je ne l'ai jamais entendu  tongue  lol .
  Évidemment, pour les verbes dont les formes de l'indicatif et du subjonctif sont identiques, la confusion masque le doute : J'ai de la chance qu'il m'aide, qu'il marche, qu'elle maime ...
   N.B.  => On dira couramment (et correctement) : Il est sûr qu'il pleuvra, il est probable qu'il pleuvra / il est probable qu'il pleuve, il est possible qu'il pleuve.

  Qui pourra expliquer cet usage surprenant (à mes yeux et selon ce qu'on m'a toujours appris) du subjonctif après C'est une chance que ... ?

elle est pas belle, la vie ?

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

merci Andreas d'avoir exhumé cette "vieille histoire" que je croyais bien délaissée.

en passant, j'ai à dire en fait ne pas avoir repéré l'intervention de Gb, faute de quoi ? et merci gb, l'amateur ou l'expert, ça se voit ! votre réponse porte sur la simplicité, et j'aime ça.

Maintenant, mon espace avec l'expert linguistique Piotr wink

Piotr a écrit:

Pour Il y a des chances que ... pas d'hésitation : c'est un potentiel  => subjonctif : Il y a des chances qu'il vienne, que je réussisse ... Sur ce point, je ne comprends pas l'affirmation de l'Office québequois.

Andreas et vous avez le même avis, qui contredit en quelque sorte "l'office québecois" et "Hanse", où est écrit:

Il y a des chances  que est suivi de l'indicatif ou du conditionnel comme il est vraisemblable que, on peut espérer que. Mais on dira avec une négation: Il n'y a aucune chance qu'il le fasse. Dans une question: Y a-t-il une chance qu'il le fasse?

et aussi, en ce qui concerne "c'est une chance que":

Est suivi du subjonctif parce que le sens est «Il est heureux que»: C'est une chance qu'il soit là.Mais on trouve l'indicatif, toujours requis après heureusement que.

Il faut que nous revoyons la différence entre "heureusement que" et "il est heureux que" pour y foncer davantage.

Piétinez pas, aidez-moi, je vous en prie.

16 Dernière modification par piotr (19-07-2006 08:50:18)

Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Il reste toutefois une question de Papy à laquelle il n'a pas été complètement répondu (mais ce 95ème questionnaire est particulièrement velu) :

Quelle différence faites-vous entre "capacité" et "aptitude", sémantiquement parlant ?

Andreas y a apporté une réponse partielle, car il faut ici aller plus loin que le dictionnaire pour entrer dans un domaine spécialisé :

Bon, que me dit-il, mon Petit Robert ? :
aptitude s'emploie
   a. pour une disposition naturelle, un don qu'on aurait quasiment hérité avec sa naissance.
   b. une qualification professionnelle, une capacité apprise nécessaire pour exercer un certain métier.
Je dirais que le mot capacité cache un sens d'effort. Quand on a une capacité, on s'efforce souvent : la capacité d'apprendre une nouvelle langue, la capacité productrice d'une entreprise.
aptitude, en revanche, se range plutôt dans le coin d'un état naturel qui est simplement là, qui ne change pas et qui constitue une disposition.

Bien vu Andreas ! on n'est pas loin.

  Dans le domaine de la formation, on distingue aujourd'hui : les aptitudes, les capacités, les compétences.

   *  L'aptitude est effectivement une qualité foncière, innée, générale.
   *  Cette aptitude est developpée, utilisée, au cours de l'apprentissage et aboutit à une capacité.
   *  Enfin, lorsque cette capacité est définitivement acquise et que le sujet devient autonome, on parle de compétence.

  Donc, on est apte à ..., puis capable de ... et enfin compétent en ...  Certes, on parlera d'une capacité à faire qqch, mais on dira de qqn qu'il est capable de faire qqch.
  Au cours de l'apprentissage, le formateur (c'est vrai pour les parents) appréciera l'évolution des capacités du formé et ne le lâchera en solo que quand il constatera chez lui des compétences. => Le niveau de compétence s'apprécie en fonction de la "performance" requise, il n'est pas absolu.
  Un exemple chez l'enfant ? l'apprentissage de la marche, de la course, du saut, du vélo sans les petites roues ...

  En clair, on possède l'aptitude on on ne l'a pas, ensuite une capacité est acquise / non acquise (ou en cours d'acquisition mais, au bout de compte, on sera capable / pas capable de réaliser tel acte).
  Prenons un petit exemple : tout enfant d'homme (sauf accident de la vie) possède en lui l'aptitude intellectuelle au calcul; à l'école j'ai appris à calculer, j'ai utilisé cette aptitude, on l'a développée chez moi. Résultat : aujourd'hui je suis capable de réaliser une addition de six nombres de trois chiffres sans me tromper.  smile    De la même manière, je suis capable de transférer un logiciel d'un CD sur mon ordi :  je ne suis pas pour autant compétent en informatique !

  Pour terminer enfin : au-delà des compétences, quand le sujet sera capable de développer et d'améliorer au plus haut point ses propres compétences, on parlera d'expertise.
  Exemple encore : l'homme est un animal social, qui vit de relations; tout humain possède des aptitudes à la communication (y compris les muets, les bègues ou les aveugles). Chaque enfant développera ses aptitudes pour acquérir des capacités à communiquer (éventuellement en fonction de son handicap), certains deviendront compétents en communication et d'autres, experts (par exemple en lecture labiale pour un sourd).

elle est pas belle, la vie ?

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Re : mon 95e questionnaire: (de) la chance, capacité/aptitude,attention

Piotr a écrit:

Dans le domaine de la formation, on distingue aujourd'hui : les aptitudes, les capacités, les compétences.

   *  L'aptitude est effectivement une qualité foncière, innée, générale.
   *  Cette aptitude est developpée, utilisée, au cours de l'apprentissage et aboutit à une capacité.
   *  Enfin, lorsque cette capacité est définitivement acquise et que le sujet devient autonome, on parle de compétence.

  Donc, on est apte à ..., puis capable de ... et enfin compétent en ...

Mille mercis de ma part, piotr, vous qui m'avez fait comprendre plus que
jamais. En ce qui concerne la question de "chance", en vertu de mes citations, est-ce vrai ?

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